Longtemps négligé, le lien entre alimentation et santé mentale est aujourd’hui au cœur des recherches. La nutritionniste Émilie Steinbach insiste : notre microbiote intestinal (cet écosystème de milliards de micro-organismes logés dans notre intestin) joue un rôle central dans l’équilibre de notre cerveau et de nos émotions.
© Astrid di Crollalanza
Émilie Steinbach : « De plus en plus d’études montrent qu’un microbiote déséquilibré est lié à des troubles tels que la dépression, l’anxiété ou encore l’insomnie. C’est que ces “bonnes” bactéries ne se contentent pas de digérer : elles participent à notre équilibre psychique. Il existe une vraie communication entre l’intestin et le cerveau, on parle d’ailleurs d’axe intestin-cerveau. Ce n’est pas une image : c’est physiologique, anatomique et fonctionnel. Or, cette flore microbienne est sensible : alimentation déséquilibrée, stress chronique, antibiotiques à répétition… tout cela peut la désorganiser, affaiblir la barrière intestinale et laisser passer des molécules pro-inflammatoires vers la circulation générale sanguine, y compris jusqu’au cerveau. »
Émilie Steinbach : « Le premier geste essentiel est de privilégier les aliments bruts ou peu transformés. Ce conseil peut sembler banal, mais il est loin d’être appliqué. Aujourd’hui, une grande partie des calories consommées provient d’aliments ultratransformés : plats industriels, biscuits, snacks, céréales sucrées, boissons aromatisées… C’est un véritable fléau pour notre santé mentale. Riches en additifs, en sucres cachés, en graisses trans et en émulsifiants, ils augmentent la perméabilité intestinale, désorganisent le microbiote, favorisent l’inflammation et peuvent impacter l’humeur. Plus inquiétant encore : certaines études épidémiologiques font le lien entre une consommation élevée de produits ultra-transformés et une augmentation du risque de dépression, y compris chez les adolescents et jeunes adultes. »
Émilie Steinbach : « Oui, c’est un moment clé de la journée, mais il faut surtout comprendre qu’il n’est pas indispensable pour tout le monde. Pour un adulte en bonne santé, sans problème médical particulier, s’il n’a pas faim le matin, il peut tout à fait ne pas manger. En revanche, pour les enfants et les adolescents, sauter le petit-déjeuner est associé à un risque accru d’obésité. Ce qui est surtout recommandé, c’est que le premier repas de la journée, qu’il soit pris à 7 h, 10 h ou midi, soit de qualité, c’est-à-dire riche en protéines, en bon gras et en fibres (œufs, avocat, pain complet…). On vise 25 à 35 grammes de protéines pour bien démarrer. Ça change tout : ça permet de mieux contrôler son appétit tout au long de la journée, d’éviter les fringales, et même d’avoir une meilleure concentration, une meilleure mémoire, une humeur plus stable. »
Émilie Steinbach : « Une glace en été, bien évidemment, n’altère pas votre santé mentale. Ce qui compte, ce sont les habitudes majoritaires, pas la perfection. Mieux vaut viser une alimentation joyeuse, variée et tolérante que tomber dans l’orthorexie, cette obsession du “manger parfait” qui isole et culpabilise. »
Cyllane Claire, extrait de Notre Temps Santé & Bien-être no 17, paru en septembre 2025.
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