Près de 20 % des côtes françaises – Hexagone et outre-mer, hors collectivités du Pacifique – soit environ 900 kilomètres, sont actuellement en recul(1). Si l’érosion du trait de côte est inévitable, elle est accélérée depuis plusieurs années par le changement climatique. Pourquoi et comment ralentir sa progression ? Pascale Joannot, présidente du conseil scientifique de la Fondation de la Mer, océanographe, docteure et HDR(2) spécialisée dans les récifs coralliens, nous répond.
© P. Joannot
Pascale Joannot : « Le trait de côte, c’est la limite entre la terre et la mer (plages, falaises…). Cette limite fluctue sans cesse en fonction de divers facteurs. Le trait de côte peut reculer : le littoral perd des sédiments et s’érode. Il peut aussi avancer à cause d’une accumulation de sédiments. Aujourd’hui, nous constatons une forte érosion. Ce phénomène naturel est accentué par le changement climatique et les événements associés tels que les tempêtes, la hausse du niveau de la mer ou encore les submersions marines. En France, sur les 900 kilomètres de trait de côte en recul, près de 300 le sont à une vitesse de 50 centimètres par an. C’est considérable. »
P. J. : « L’érosion du trait de côte a des conséquences sur toutes les populations : humaines, animales ou végétales. Des conséquences sociales et économiques sur les populations humaines : en France, environ 1 000 habitations et commerces pourraient être touchés par l’érosion du trait de côte d’ici 2028, et plus de 6 500 d’ici 2050(1). Des conséquences sur les espèces animales et végétales qui n’ont pas le temps de s’adapter : celles ne pouvant pas se déplacer et changer d’environnement disparaîtront. Dans tous les cas, des migrations humaines et animales sont à prévoir. »
P. J. : « Au niveau local, les collectivités volontaires sont accompagnées par la loi Climat et Résilience de 2021. Dans le cadre réglementaire, elles doivent assurer la transparence des informations sur le trait de côte lors de transactions immobilières, avec une vision à trente ans. Si elles ont les compétences Gemapi(3), elles peuvent mettre en place des protections naturelles, telles que la végétalisation des zones. Les collectivités sont également appelées à sensibiliser les habitants aux risques générés par l’érosion. Chacun doit prendre conscience qu’il peut agir à son niveau. Si vous souhaitez aller plus loin, en tant que citoyen, vous pouvez vous rapprocher de votre commune pour connaître les actions mises en place près de chez vous. »
En Gironde, l’érosion du trait de côte concerne 13 communes, avec un recul moyen allant de 1 à 3 mètres par an. La Fondation de la Mer lance un programme dans cette région, avec le soutien du Groupe Matmut en tant qu’assureur-préventeur, pour protéger le cordon dunaire et réduire son érosion. Plusieurs actions vont ainsi être menées d’ici fin 2025 :
Depuis plus de dix ans, la Fondation de la Mer mobilise donateurs particuliers et entreprises mécènes pour accélérer la protection de l’océan. Elle soutient ainsi des centaines d’acteurs de terrain et agit pour :
Son statut d’observateur à l’ONU lui permet de prendre part aux décisions majeures en faveur de l’océan.
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