Pablo Votadoro est psychiatre au département de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris (IMM), à Paris. Il a créé Radio Truche, un podcast hébergé par Sonique Studio, animé par les adolescents de l’IMM hospitalisés pour troubles psychiatriques, et soutenu par la Fondation Matmut Paul Bennetot.
© Florence Brochoire
Pablo Votadoro : « Tout est parti d’un constat : nos patients parlaient sur les réseaux sociaux de leur hospitalisation comme d’un enfermement. Certains surnommaient même l’hôpital “le zoo”. Nous avons voulu leur proposer une autre manière de se raconter, à travers une émission de radio faite par eux, pour qui voudra écouter, en se considérant autrement que comme des bêtes. Accompagnés par Radio Nova, puis par Sonique, patients et soignants conçoivent ensemble chroniques, interviews et micros-trottoirs. L’émission est enregistrée en public, dans une ambiance festive et bienveillante. Pendant une heure et demie, l’hôpital devient un studio. »
P. V. : « Quand les ados ne vont pas bien, la capacité créative est une des choses qui disparaissent en premier. Radio Truche est un outil de sociothérapie, qui permet aux adolescents d’exister autrement qu’à travers le prisme de la maladie. Le podcast les aide à retisser des liens sociaux, à faire du collectif. Surtout, il donne de la valeur à leur parole, souvent étouffée par la stigmatisation de la psychiatrie. »
P. V. : « Le podcast apporte du plaisir, du lien, une forme de reconnaissance. Il transforme un lieu parfois vécu comme oppressant en espace d’expression et de création. Il révèle aussi les goûts, les passions, l’identité des adolescents, sans passer par les récits de souffrance. À travers des chroniques musicales ou des billets d’humeur, ils parlent d’eux, de leurs émotions, de leurs idées. Radio Truche devient un vecteur d’estime de soi, d’intégration, voire de réconciliation avec les soins et eux-mêmes. Le projet valorise aussi l’engagement des soignants dans la relation, souvent discret mais fondamental. Enfin, il permet aux familles de découvrir un lieu de soins, mais aussi un lieu de vie, riche et plein d’humanité. »
P. V. : « Un projet de cette envergure nécessite des moyens. Grâce au soutien de la fondation, nous avons pu faire appel à des professionnels et garantir une production de qualité. Cette aide a été essentielle pour nous lancer et surtout faire vivre le projet dans le temps. »