Avec un rendement qui remonte depuis deux ans, les fonds en euros reviennent sur le devant de la scène financière.
Qu’est-ce qui fait l’intérêt de ce placement ?
Décryptage avec Pascale Micoleau-Marcel, déléguée générale de La finance pour tous.
Pascale Micoleau-Marcel : « C’est un support d’investissement géré par un assureur. Ce dernier reçoit de l’argent des épargnants, qu’il investit à hauteur de 80 % dans des obligations. Il place le reste dans des actions et de l’immobilier. Les obligations sont des titres utilisés par les États et les entreprises pour emprunter de l’argent sur les marchés financiers. En achetant des obligations, l’assureur reçoit un intérêt, en rémunération de son prêt. Et, au terme prévu, l’État ou l’entreprise rembourse le montant emprunté. Chaque assureur décide de la répartition des actifs dans son portefeuille. Il n’existe donc pas un seul et unique fonds en euros pour l’ensemble des assureurs, mais une multitude. »
P. M.-M. : « Comme les fonds en euros sont majoritairement constitués d’obligations d’État, l’assureur est certain de récupérer l’argent qu’il a prêté. C’est ce qui en fait un placement sûr. Pour l’épargnant aussi, dont le capital est garanti. Sans compter l’effet de cliquet, selon lequel les intérêts des fonds en euros sont définitivement acquis et génèrent ensuite d’autres intérêts. Mettons par exemple qu’un fonds rapporte 2 % en 2023. Si vous avez placé 1 000 euros, vous récupérez alors 20 euros supplémentaires à la fin de l’année. Sans retrait, les intérêts de 2024 seront calculés sur les 1 020 euros acquis. Les taux de rendement des fonds en euros ne sont pas les plus forts du marché, mais vous êtes certain de ne rien perdre. »
P. M.-M. : « Le rendement moyen des fonds en euros était de 1,3 % en 2021, 1,9 % en 2022 et il est estimé à 2,5 % pour 2024. Cette hausse est directement liée à la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), dont la mission est de maintenir la stabilité des prix avec un taux d’inflation à 2 % par an. La BCE fixe en effet les taux d’intérêt directeurs, c’est-à-dire les taux qu’elle accorde pour les prêts aux banques commerciales. Pour limiter le pic d’inflation des deux dernières années, la BCE a remonté ses taux directeurs. Son objectif : décourager les emprunts, la circulation d’argent et la consommation pour diminuer la demande et donc enrayer l’augmentation des prix. En effet, selon la loi de l’offre et de la demande, un produit rare - c’est- à-dire plus fortement demandé que disponible sur le marché - est cher. S’il est moins demandé, il devient donc moins cher. Ces taux d’intérêt plus élevés sont aussi ceux qui rémunèrent les épargnants, qui sont donc gagnants ! »
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